Au tout début, quand j’ai pris la décision de m’expatrier en Irlande après mes études, je pensais que cela venait principalement de ma frustration. Frustration, de comprendre un collègue en anglais mais d’être dans l’incapacité de lui répondre convenablement. Frustration, d’entendre encore et encore les récits d’aventures de mes amies revenus d’erasmus et ne pouvoir relater les miens puisque je ne partais à l’étranger que pour de courts séjours. Frustration, d’arriver à la fin de ma vie d’étudiante et de m’établir rapidement dans un confort de vie que j’avais tant attendu, mais qui me rétissait peu à peu. Frustration, que je ne voulais voir vieillir en regrets et que je désirais ardemment transformer en un sentiment positif.
Et puis à force de voyager régulièrement, je suis tombée amoureuse ! Non, je vous arrête tout de suite, pas de quelqu’un; d’une ville ! Et plus particulièrement de Dublin. Pour me comprendre, il faut savoir que j’ai toujours été habituée des grandes villes, venant de la région parisienne (pardon par avance si vous croisez des parisiens). Comme les opposés s’attirent, Dublin l’enthousiaste, le chaleureux, le sourieur, de part ses habitants, ses canaux, ses espaces verts et ses infrastructures restreintes, a su me séduire. Je pense qu’il a su très vite capter que je ressentais un immense besoin d’échanger, d’apprendre sur les autres, leurs histoires, leur culture, leurs expressions, leurs habitudes et bien évidemment (même si je ne le savais pas encore) d’apprendre sur moi-même également.
Pourtant avant de faire le grand saut, j’avais pesé le pour et le contre, voulant être certaine de prendre cette décision pour les bonnes raisons. En effet, j’avais très peur que ce départ ne soit qu’une fuite de mes responsabilités d’adulte et une peur de renier le changement d’étudiante à jeune active. Là encore, Dublin a su me surprendre et me charmer. A peine, avais-je posé le pied sur le sol irlandais que je me sentais plus détendue, sereine et libre comme je ne l’avais jamais ressentie auparavant. Moi qui m’attendais à me sentir anxieuse et stressée de part l’inconnu et l’isolement, étais comme un poisson dans l’eau.
Pendant un temps, je culpabilisais de me sentir heureuse et radieuse quand mes amis et ma famille étaient loin de moi. Et puis, je compris que je n’avais pas coupé les ponts avec eux pour autant puisque j’étais en communication presque quotidienne avec certains d’entre eux. J’avais donc bien le droit de me sentir heureuse dans un environnement différent, non?
Je me suis beaucoup interrogée à ce sujet et réalisais que cette différence et bi-culture amplifiait ma joie de vivre sans dénaturer les précédents liens d’amitiés ou familiaux. Cette différence, c’était par exemple, avoir la chance de longer pendant 10 min un joli canal à pied pour rejoindre mon travail. Il me suffit également de marcher 30 min ou de prendre un train pendant 20 min avant de rejoindre la mer. Je me risque davantage à échanger avec des passants (bye bye la pudeur parisienne qui m’empêchait auparavant de m’enquérir d’un passant qui s’était fait mal).
Je suis plus enthousiaste, positive, avec une curiosité avide sur le monde, qui ne me quitte plus. Je me surprends à être plus tolérante, être moins dans le jugement à l’approche de l’autre ou au détour de conversations. Ces changements géographiques ou comportementaux, qui pris à parti, semblent insignifiants, une fois combinés, m’ont fait réalisé ô combien, il était important de gratifier ces petits riens qui faisaient de mon quotidien, un bonheur de vivre.
Je vous rassure, mon quotidien n’est pas non plus comme le monde des barbes à papa et du « they lived happily ever after »! J’ai eu à faire face à des moments de doutes car l’expatriation, c’est aussi la remise en question, l’isolement pour prendre du temps pour soi, se retrouver, s’écouter et respirer. Il m’est arrivé dans les mauvais jours, d’être triste, de vouloir pleurer pour libérer le chagrin, ne pas y arriver, d’en rire et de repartir de plus belle vers la vie, le sourire aux lèvres.
Le bonheur pour moi c’est une culture de l’esprit et un apprentissage quotidien de célébrer les petites choses de la vie. Et je n’aurais jamais appris cette leçon de vie sans l’expatriation.
Cela va bientôt faire un an que je vis à Dublin. Moi, ne qui comptais séjourner en Irlande “que” pour une année, réalise, que je ne peux plus fixer de limite ou durée. A l’inverse, je prends conscience que cette expérience m’a fait grandir plus rapidement, m’a appris à oser faire vers le premier pas vers l’autre et à écouter sans perceptions ou préjugés. En plus d’avoir fait des très très belles rencontres, cela aura aussi été une année de d’apprentissage et d’acceptation de soi. Je grandis, j’avance, je me heurte, j’ai peur, me relève, vais de l’avant le sourire toujours accroché à mes lèvres, petit électron libre, oiseau voyageur, je cours à perdre haleine, ouvrant les bras au bonheur petit ou grand. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve mais qui sait, peut-être qu’au gré de mes futurs voyages, retomberait-je amoureuse?
Témoignagne de Camille, petit électron libre enthousiaste, que vous pouvez contacter si vous le souhaitez ici.