Mon chemin spirituel m’a permis de comprendre et d’intégrer la pratique à la fois du moment présent et du détachement. C’est complexe à expliquer à l’écrit, mais ce sont deux élans contradictoires presque par essence qui, en moi du moins, cohabitent très bien.

D’une part, ma capacité à être présente à l’instant, à la personne avec qui je le partage a augmenté. Je suis intensément à ce que je fais. Je suis intensément où je suis. Je m’attache intensément aux êtres qui croisent mon chemin et n’ai plus d’appréhension à donner beaucoup de moi immédiatement, d’autant plus quand je sais par avance que la rencontre ne pourra être que brève. Je vis ce qu’il y a à vivre sans penser au futur, qui me kidnappe en pensées et m’empêche de vivre pleinement le seul instant qui existe réellement : le présent.

D’autre part, ma capacité à ne plus m’attacher aux choses ou aux gens a augmenté. En tout cas à ne plus m’attacher d’une manière qui me fera souffrir. Dans attachement, si on revient au sens premier du mot, il y a la notion d’attache, de quelque chose qui retient, restreint la liberté de mouvement, d’être n’est-ce-pas ? Alors voilà, c’est cela. Naturellement, je ne m’attache plus d’une manière qui par essence apporte la possibilité d’une souffrance. Mais cela ne veut pas dire que les gens ou les choses ne comptent pas, bien au contraire. Je crois que je n’ai jamais été aussi intensément investie dans mes rencontres, mes relations.

Parallèlement, ma pratique de la gratitude est une formidable clé au moment des séparations qui d’ailleurs souvent n’en sont pas car les connexions fortes vont bien au-delà de la distance et des kilomètres. Je me centre sur ce que la relation m’a apporté de beau, de positif. Je me centre sur le plein qu’elle a créé en moi et non sur le vide. Sur l’abondance de bonheur et non le manque. Et je remercie d’avoir eu la chance de vivre cela, confiante dans le fait que si nous sommes faits pour nous recroiser, les choses se mettront en place afin que cela se fasse.

Je pars le cœur gros, mais gros justement d’avoir trop été rempli de joie, de vie, d’amour, d’échange.